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- Histoire de la paroisse
DRAGUEVILLE était une commune à part entière. Elle possédait un château où résidait un Seigneur. La présence d'un colombier (pigeonnier) donnait au Seigneur le droit de prélever l'impôt. Chaque trou de pigeonnier représentait une certaine somme d'argent, et l'ensemble, la fortune du Seigneur (à noter bien plus tard, qu'il existait un impôt sur les portes et les fenêtres !!!)
La paroisse de DRAGUEVILLE a laissé peu de traces dans l'histoire du Cotentin. Toutefois, ses habitants paraissent avoir pris, avec le Seigneur de DRAGUEVILLE, une part active aux Guerre de Religion. En 1590, ils sont assiégés par de Vicques, Seigneur de l'Ile-Manière. Probablement expulsés de cette place, ils l'attaquent de nouveau en 1591, de concert avec les habitants de Cérences, et réussissent à y pénétrer.
Déjà, à cette époque, le fief de DRAGUEVILLE et le patronage de l'église du même lieu, édifiée par les soins des Seigneurs de DRAGUEVILLE, et grâce aux libéralités, appartenaient à une branche du Mesnil-Adelée, originaire de l'Avranchin, qui les a conservé jusqu'en 1783. A cette date, et par suite du décès sans enfants de Louis-Georges du Mesnil-Adelée, le fief de DRAGUEVILLE advint, par succession, à Pierre-Charles, Marquis de Gourmont, lieutenant-colonnel au régiment de Lorraine, dont les descendants en ligne directe ont possédé des années la terre de DRAGUEVILLE. Le château, construit a début du XVIIème siècle par Jean du Mesnil-Adelée, s'élève sur le plateau qui domine à l'est la pittoresque Vallée de la rivière de l'Airou, presque en face des ruines du château de Beauchamps, qui était situé sur l'autre versant de la vallée.
C'est une construction massive, de style Louis XIII, imposante par ses proportions, mais qui présente peu d'intérêt au point de vue architectural ; à peine peut-on relever à l'extérieur quelques motifs d'ornementation, surtout au dessus de la porte d'entrée. Seul, l'escalier conduisant au premier étage mérite, par ses vastes dimensions, l'harmonie de sa conception et l'élégance de sa rampe en bois sculpté, d'attirer l'attention.
Pillé et dévasté par des bandes armées, au cours de l'incarcération de son propriétaire, pendant La Terreur, transformé en ferme, à la suite de ces événements, le château de DRAGUEVILLE a perdu les larges et belles avenues de vieux châtaigniers qui lui faisaient un cadre majestueux. (Documentation fournie par les Archives Départementales de la Manche à Saint-Lô)
A DRAGUEVILLE, existe un moulin datant de 1814, une église, son cimetière et son auberge. De nos jours, DRAGUEVILLE n'est plus qu'un village du MESNIL-VILLEMAN.
DRAGUEVILLE aurait fusionné avec MESNIL-VILLEMAN en 1792. Mr l'Abbé Couenne, curé de DRAGUEVILLE, de 1843 à 1853, fit bâtir le presbytère, il obtint enfin, en 1846, "l'indépendance" de DRAGUEVILLE, paroisse de plein exercice. Il habitait dans trois chambres du château. Il fit transporter Notre Dame de la Pitié d'Avranches à Dragueville. C'était un homme de tête, originaire de Ponts-Sous-Avranches. A son arrivée à DRAGUEVILLE, il trouva l'église "ne possédant presque aucun mobilier".
- L'Eglise de Dragueville
L'Abbé Couenne fit refondre la cloche, plaça l'Autel du Coeur de Marie, érigea le chemin de croix, commença la couverture en ardoise et sur le terrain donné par M. de Gourmont, fit bâtir le presbytère. L'église de DRAGUEVILLE possède de belles statues du XVème et XVIème siècles, principalement Sainte Catherine.
La tour de l'église de DRAGUEVILLE fut reconstruite en 1860, la pierre fut taillée par Maître Bougourd Louis, carrier au Bois-Bougourd. Le granit venait de Sainte-Pience.
Aujourd'hui elle ne se visite que lors des Journées du Patrimoine.
Un grand travail de restauration de cet édifice est prévu pour l'année 2009.
- Ecclésiastiques originaires et curés de Dragueville
Nicolas (LE BE) NOYS ( ?) curé décédé le 20 août 1633
Jean SENALLICE, desservant en l’absence de curé, en 1674
Nicolas L’HERMITTE, prêtre 1683
Jacques DE LA NOE, curé vers 1690
Pierre LECOUSTEUX, vicaire 1691
Jean LECHEVALLIER, curé en 1690, 1698
Bertrand LEPESANT, vicaire en 1693
Guillaume LAURENCE, 1699
Jean-Baptiste NAVET, sous-diacre originaire de DRAGUEVILLE (10 mai 1700)
Etienne LEMONNIER, curé en 1701 Louis PAGNON ou PAIGNON, 1706
Guillaume JOURDAN, curé 1703, 1708, 1711
Jean-Baptiste PAGNON, prêtre en 1717
Michel MELLÉ ou MELLEY, curé en 1711, 1716, 1724
Michel METTE, curé en 1725, 1726
Henry LEBRUN, curé en 1728, 1738
Denis PISMOL ou PIMOL, prêtre de DRAGUEVILLE en 1732
Pierre LECOUTOUR, curé décédé en 1757
Jean-Baptiste PREVEL, originaire de DRAGUEVILLE, curé en 1757
Guillaume LE PREVEL, curé vers 1762
Jean-Baptiste, Jacques- Antoine DE BOUHON, curé 1784
Jacques MONCEL, desservant puis curé, 1784,1789
Julien LEMARE, 1791
Jacques MONCEL, décédé le 7 décembre 1815
N. LEMARE, prêtre donateur en 1819
Gilles Auguste Marie COUENNE, desservant entre le 7 mai 1846 et 1852
Jacques Marie LANDELLES, desservant le 12 février 1853
Jean-François Marie Louis Théodore ANNEE, desservant le 22 octobre 1856
Victor Honoré LECONTE, desservant le 14 avril 1866, démissionnaire en 1868
Jean-Baptiste DUCHEMIN, desservant le 3 novembre 1868
Ernest Gustave DELAUNAY, curé le 15 janvier 1889, démissionnaire en 1900.
- Dragueville, une paroisse ouvrière
Cette paroisse de la vallée de l'Airou était peuplée de carriers, meuniers, tisserands, cultivateurs, céréaliers, sabotiers, etc...
Les carrières : la pierre de DRAGUEVILLE est différente de celle de Beauchamps, elle a le grain plus gros, moins en lamelle, plus compact, sèche, ce qui permet d'autres réalisations, cintres, poids, meules et pierres à aiguiser.
Le tissage : il y avait une fabrique de toile en crin de cheval ; les crins venaient de Russie, d'Argentine ou d'Italie ; on les lavait au bief du moulin, les fillettes les tissaient par longueurs et en faisaient des petits paquets qu'on appelait "les nourraines". Chaque paquet était noué et coupé pour avoir une longueur identique. Les tisseuses avec un métier horizontal, en faisaient des toiles. Ces toiles étaient souvent vendues aux foires de Gavray. On en faisait des tamis et des sacs, pour passer des liquides (cidre, farine, confitures, etc...)
Il semble que beaucoup de tamisiers Draguevillais, émigrèrent vers 1700. La toile s'appelait "la rapatelle". Dans les années 1905, existaient une dizaine de carrières de pierre à faux, employant une centaine d'ouvriers et une agriculture traditionnelle de polyculture.
Les habitants de DRAGUEVILLE s'appelaient "Les Bohers". (Extraits de documentation de Mr Marcel Rogerie)
A DRAGUEVILLE, en 1883, on comptait 29 enfants à l'école. En 1842, il y avait 953 habitants pour les deux communes (670 à Mesnil-Villeman et 283 à Dragueville)
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