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 > Description
De prime abord, l’église a un aspect plutôt trapu, avec un clocher en bâtière massif (ce qui signifie qu’elle a un toit simple, à deux pentes pas très inclinées), souvent propre aux églises rurales. Elle appartenait aux religieux de l’abbaye de Cerisy-Belle-Etoile, dans l’Orne (abbaye fondée en 1215) et, comme cela se trouvait relativement loin, ceci explique le mauvais entretien de l’église au fil du temps. Cela a d’ailleurs été relaté de nombreuses fois et l’archidiacre intervint plusieurs fois afin de la faire restaurer. Il faut savoir que les murs ont été crevés, des arbrisseaux poussaient le long des murs. Les ormes sur le côté de l’église, s’écroulèrent sur celle-ci lors d’un ouragan (22 novembre 1706). Afin de faire effectuer les travaux nécessaires, l’archidiacre menaça à diverses reprises les religieux de Cerisy-Belle-Etoile en leur annonçant qu’il allait leur prendre les recettes de leur impôt.
 Lorsque l’on observe la façade, on s’aperçoit qu’elle a été modifiée au cours des siècles. Elle fut notamment métamorphosée à la fin du XVIIème siècle et au début du XVIIIème : il y eut notamment un allongement du chœur, la construction de deux chapelles transversales au niveau du transept et l’ajout de mobilier. D’ailleurs, nombreuses de ces modifications sont à attribuer au prêtre vicaire Guillaume Lemonnier, dont la tombe se situe à l’intérieur de l’église, à la croisée des transepts. Il est enterré ici avec son père. C’était d’ailleurs un privilège qui lui avait été accordé car il avait œuvré à l’embellissement de l’église et à sa réfection aux alentours de 1701. De plus, la chaire en chêne à l’intérieur de l’édifice a également été commandée par Lemonnier.
En contournant l’église, on remarque sur le mur un appareillage typiquement roman, dit en arêtes de poisson. La pierre utilisée pour bâtir l’église est du grès rouge en provenant de la carrière de pierres de Beauchamps, située sur la commune du Mesnil-Villeman.
De retour devant l’église, on peut observer un linteau de cheminée encastré dans le mur. Celui a été offert par la famille Viel. On y remarque trois blasons dont voici la description :
> écu d’argent à trois écussons de gueules en meuble et trois hermines de sable posées en fasce, de Marguerite Le Breton ; dragons et licorne en support. Ici sont essentiellement décrites les couleurs qui ornaient ces écussons : la couleur argent est le blanc, quand on parle de gueule, c’est le rouge et, contrairement à ce que l’on pourrait penser, le terme « sable » indique la couleur noire. Une fasce veut dire une ligne qui coupe un écu horizontalement. > Un écu d’argent à la fasce d’azur et portant 3 roses de gueules en meuble (un meuble est un objet propre à l’écusson), porté par 2 lions en ornement extérieur ; de Guillaume Viel, écuyer, sieur du manoir. La couleur azur est évidemment le bleu. > écu en losange à 3 molettes en meuble, porté par une licorne et un dragon ailé. Par contre, le nom de la femme auquel il réfère est inconnu. Les molettes sont des sortes d’étoiles mais, tout comme les éperons des cavaliers, elles sont percées d’un trou.
Une autre des modifications a notamment été la construction d’une nouvelle nef à la place de l’ancienne qui était romane. Et, c’est à ce moment-là que notre église se dota de ce fameux vitrail daté de 1313. Il se trouve être le seul et unique exemplaire du XIVème siècle, utilisant la technique du jaune d'argent.
> Quelques 'histoires':
Le patronat de notre église était assuré à la fois par les religieux de Cerisy-Belle-Etoile et le seigneur du Mesnil-Villeman. Chacun leur tour, ils nommaient soit un curé, soit un prêtre pour officier dans l’église. Cela eut parfois pour conséquences de créer quelques troubles avec le seigneur. Et, c’est d’ailleurs à cause de ces conflits dus à l’alternance des curés que le Roi en personne intervint au XVIème siècle ! Et si vous souhaitez un exemple : en 1503, deux curés se retrouvèrent à officier à la messe : Jean Morin et Guillaume Morin. Ce qui eut pour conséquence de créer des confusions ! Mais, en 1517, une donation fut faite à l’église par demoiselle Margueritte Lebreton, veuve du feu noble homme Guillaume Viel, seigneur du manoir. Cela influença alors le choix du prêtre qui allait pouvoir dire la messe !
> Curiosités et aménagements:
> Les fonds baptismaux en granit ont été posés en 1620 et couverts d’un cartel de cuivre (cuivre remplacé en 1877). On y a gravé : « Couvercle des fonts baptismaux de 1620, remplacé en 1877 par Madame Veuve Leteurtois, née Aimable Foucard, bienfaitrice de cette église ; Monsieur Jean-Baptiste Anquetil, curé et Monsieur Auguste de Gourmont, maire ». > Dans le chœur de l’église, se trouve la sépulture de Salomon Desfontaines, seigneur et patron de ce lieu. L’épitaphe relevée par le curé est la suivante : « Ci gist Salomon Desfontaines, seigneur et patron de céans, 1650 ». > Le curé Lemonnier fit venir de Paris : un « joly, propre et doré tabernacle » et fit fabriquer également 6 beaux chandeliers de cuivre. Un chandelier de bois est placé pour recevoir le cierge pascal. > Au fil des siècles, on apporta à l’église diverses œuvres comme une belle lampe de cuivre rivetée, une belle image à la figure de la Sainte Vierge, des images de Saint Guillaume, archevêques de Bourges, et de Saint Nicolas, sculptées en chêne haut de 10 pouces (environ 25 cm)… Maître Jean Belin de Champrepus, fabriqua 5 tiroirs à mettre derrière l’autel. Cette armoire à chasubles était millésimée en 1711. > En 1712, l’église fut pavée dans la sacristie, le chœur et, le transept (excepté 6 tombeaux, les 2 chapelles sous le clocher, la nef et le portail). Ces pavés furent extraits de la carrière du Moulin de Mesnil-Hue. En 1716, l’église est pavée. La nef, elle, est couverte de paille. > En 1728, la cloche est cassée est doit être refondue sous peine d’interdire la sonnerie. Elle ne fut réparée qu’en 1735 grâce à des dons. Trois ans plus tard, on pava enfin la nef. > Le lutrin de l’église fut acquis en 1801. Il est lui-aussi millésimé « Petrus Levavasseur me fecit 1801 » (« Pierre Levavasseur me fit en 1801). > En 1822, la cloche fut de nouveau refondue car elle était encore fêlée. > Enfin, en 1901, un curé décréta que l’église était de nouveau en piteux état et demanda à ce qu’elle soit réparée mais, il semble plus vraisemblable que l’église de style romane n’était plus vraiment au goût de celui-ci. Toujours est-il qu’en 1901 commencèrent de lourds travaux de réfection dans la nef. On y trouve d’ailleurs une pierre gravée indiquant : « Nef bâtie en 1900 avec la générosité des paroissiens. Mr P.F. Regnault maire, Mr E. Marie curé. ». L’entrepreneur venait du Mesnil-Garnier.
Outre notre vitrail millésimé, on pense que les autres vitraux purent être posés en 1914 car, c’est de cette époque que date la réfection du maître autel ou des pavés du sanctuaire, des bancs, des stalles et pavés du chœur… Ces travaux se concluent par un « on a décidé encore la pose de vitraux neufs dans le chœur et dans la nef. ». Et le choix de ces verrières se portera sur la Manufacture de vitraux peints Mauvernay de Saint-Galmier dans la Loire.
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